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Luxembourg : querelle sur la fiabilité des tests de dépistage


Un bras de fer est engagé entre les laboratoires privés et le gouvernement (Photo d'illustration : Fabrizio Pizzolante).

Deux laboratoires privés sont montés au créneau, mardi, pour demander des explications à la ministre de la Santé.

La stratégie de tests du gouvernement continue à faire des vagues. Manque d’appel d’offres et de certification, communication défaillante et désormais la remise en question de la qualité des tests employés : la liste des couacs potentiels est longue. Et elle commence à agacer les acteurs du terrain.

Mardi, le laboratoire BioneXt Lab et le laboratoire Ketterthill sont montés au créneau pour dénoncer des propos de la ministre de la Santé, Paulette Lenert. Elle aurait remis en cause «la performance de certains tests PCR provenant de Corée du Sud et utilisés par les laboratoires d’analyses médicales luxembourgeois pour la détection du coronavirus». Le 12 mai, la ministre avait en effet évoqué en commission parlementaire que des tests sud-coréens étaient «moins performants» que les tests qui sont actuellement utilisés au Grand-Duché.

Les tests de nouvelle génération proviennent de la société «Fast Track Diagnostics» qui a été chargée de livrer 500 000 kits afin de réaliser le dépistage national de larges entités de la population. Le ministère de la Recherche met à disposition un budget de 40 millions d’euros. Le dépistage est lancé depuis lundi «avec une plus petite capacité de tests», comme le précise la task force Covid-19. La pleine capacité de 20 000 tests est annoncée pour juin.
La ministre Paulette Lenert n’a jamais réfuté l’utilisation de tests sud-coréens. Elle a précisé au fil des semaines, que la qualité des tests a évolué et qu’ils sont aujourd’hui plus performants. Le gouvernement précise qu’au moment de la commande des tests pour les tests à large échelle, une seule offre était disponible sur le marché.
Entretemps, on sait que la certification de ces tests, fournis par «Fast Track Diagnostics», est seulement intervenue après l’acquisition. De plus, la société avait été obligée en fin d’année 2019 de retirer des tests, problème qui serait aujourd’hui résolu, comme l’a précisé la ministre Lenert à la Chambre des députés.

«Un discrédit jeté sur toute la profession»

Ces incertitudes tout comme l’absence d’un appel d’offres a notamment incité le CSV à réagir. «Je comprends que le gouvernement ait été obligé d’agir dans l’urgence. Par chance, la certification a été accordée. Or je me pose la question de savoir pourquoi d’autres laboratoires n’ont pas été inclus dans le projet», nous avait confié Claude Wiseler la semaine dernière.

Dans leur lettre ouverte adressée à la ministre, les deux laboratoires cités ci-dessus dénoncent à leur tour l’absence d’un appel d’offres. Les tests sud-coréens seraient certifiés depuis février et utilisées dans plus de 60 pays, y compris par le Laboratoire national de santé (LNS). Le Dr Jean-Luc Dourson et le Dr Stéphane Gidenne, les signataires de la lettre ouverte, interpellent directement Paulette Lenert : «Nous nous interrogeons sur les fondements et les bases scientifiques vous permettant de tenir un tel jugement de valeur.» Ils ajoutent que «de telles affirmations sont de nature à inquiéter sans fondement les patients et le corps médical et jettent un discrédit sur toute la profession et sur tous les diagnostics qui ont été posés jusqu’à présent (…)».

BioneXt et Ketterthill remettent finalement en question la sélection par le Luxembourg Institute of Health (LIH) des acteurs retenus pour assurer le dépistage à grande échelle. Selon nos confrères de Reporter.lu, le choix est tombé sur les Laboratoires réunis. L’absence d’appel d’offres suscite donc encore davantage l’ire des deux laboratoires privés, laissés sur le carreau.

Contacté par le Tageblatt, le ministère de la Santé a évoqué mardi un simple malentendu en ce qui concerne la fiabilité des tests. D’autres réponses sont attendues de la part du ministère de la Recherche.

David Marques

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