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Luxembourg : la ministre de la Santé nie «retenir» des chiffres sur le coronavirus


Paulette Lenert, devenue une figure de la rigueur dans le combat contre le Covid-19, est malmenée par l'opposition sur la potentielle nouvelle vague (Photo : Julien Garroy).

Les partis de l’opposition parlementaire ont une nouvelle fois fustigé la transmission inexistante de données sur l’évolution du Covid-19, mercredi. La ministre de la Santé, Paulette Lenert, se défend.

La Chambre des députés luxembourgeoise va voter la seconde loi Covid ce jeudi, qui introduira notamment des restrictions nouvelles quant aux rassemblements privés, toujours principale source des nouvelles infections. Cette donnée, la ministre de la Santé, Paulette Lenert, l’a confirmée mercredi. «Notre priorité absolue consiste à retracer les contacts des personnes testées positives afin de pouvoir briser les chaînes d’infections. L’analyse des chiffres est effectuée dans un second temps avant d’être publiée dans notre bilan hebdomadaire», explique-t-elle.

Ce genre d’explication n’est de loin pas suffisant aux yeux des quatre partis de l’opposition parlementaire. Mercredi, le CSV, l’ADR, déi Lénk et le Parti pirate sont montés ensemble au créneau pour fustiger le refus du gouvernement de fournir l’ensemble des données qui concernent l’évolution du Covid-19 au Luxembourg. À leurs yeux, les modélisations établies par la taskforce de chercheurs ne seraient pas transmises en temps réel aux députés. Les mêmes modélisations seraient incomplètes et ne tiendraient pas compte de l’impact des mesures à prendre par la Chambre. Et les informations complètes concernant la présence de foyers d’infections feraient également défaut.

«On en a marre», ont clamé mercredi les leaders de l’opposition. Ils se disent dans l’impossibilité de voter une loi Covid sans être en possession de tous les éléments concernant la propagation du virus au Luxembourg. Sauf surprise, la loi Covid devrait donc être adoptée cet après-midi par les seules voix des 31 députés de la majorité. Il reste à savoir si l’opposition va s’abstenir ou voter contre le texte.

Pour le gouvernement, les critiques ne sont pas fondées. «Je comprends la grande demande pour obtenir des informations. Nous ne pouvons toutefois communiquer que les données dont nous disposons», note le Premier ministre. Certains éléments bruts devraient d’abord être affinés. «Mais nous n’avons rien à cacher.»

Des limites pour déceler les foyers

Au moment même de la conférence de presse organisée en urgence par l’opposition, la taskforce Covid-19 publiait de nouvelles simulations en tenant compte des plus récents chiffres portant sur les infections (lire ci-contre). Selon la ministre de la Santé, ce même document a servi de base à l’échange que le gouvernement a eu mercredi matin avec les experts. «Nous misons sur une information accessible au public», insiste Paulette Lenert.

En fin de compte, le gouvernement n’aurait eu accès à aucune autre source d’informations pour trancher. «Les gens s’imaginent souvent que nous refusons de partager des informations. Or on ne retient rien. Nous partageons les informations au plus vite», se défend Paulette Lenert. Le décalage nécessaire pour peaufiner l’analyse des chiffres n’empêche pas de «devoir prendre des décisions à court terme».

La ministre livre une autre précision par rapport à la détection des foyers d’infections : «Nous disposons uniquement des informations qui nous sont communiquées par les personnes infectées. Elles ne sont pas placées sous serment. Si on n’est pas informé que la personne a fréquenté une grande fête, on ne peut pas tirer de conclusions sur le lieu d’infection.» Une application de traçage numérique ne changerait rien à cette donne.

David Marques

«Le début d’une deuxième vague»

La ministre de la Santé ne souhaite pas encore confirmer l’existence d’une deuxième vague d’infections. «Il s’agit d’un débat éternel. Il faudra attendre le pic des nouvelles infections pour en savoir plus», affirme Paulette Lenert. Les chercheurs de la taskforce Covid-19 font un pas de plus en mentionnant dans leur plus récent rapport, publié mercredi, «le début d’une deuxième vague». Ils ont pris en compte les chiffres les plus récents pour procéder à une nouvelle modélisation de la courbe d’infections. Pour l’instant, la taskforce s’attend à un «doublement des cas dans les 7 à 8 jours», ce qui équivaudrait à une «hausse exponentielle».

Sur la base des tests réalisés, le virus ne serait plus limité à des foyers isolés. Selon une modélisation publiée la semaine dernière (tests et 120 traçages), ce scénario pourrait mener à un pic de 50 hospitalisations en soins intensifs en décembre.

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